Vélo by Léo — Lionel Solheid

Gaëtan Bille, « le résilient »

Un cycliste, pour en arriver là, a déjà dû en baver

Un sport ingrat

« Rien n’est jamais acquis, surtout lorsque vous êtes coureur professionnel« . Gaëtan a connu des galères et il veut mettre en garde. « Et le pire, c’est que cela risque de se produire encore plus tôt, car les jeunes coureurs deviennent professionnels plus tôt qu’avant, on peut le constater avec l’exemple de Remco Evenepoel, le passage de la catégorie junior au professionnalisme est de plus en plus fréquent ».

Et si l’adage invite à méditer à ce que le talent ne suffit pas, parfois…« le travail non plus. Lorsque l’on fait du business, si tu as bien bossé la base, tu peux parvenir à des résultats. Lorsque tu es coureur, j’en discutais d’ailleurs avec mon ami Olivier Pardini, qui n’a pas eu la carrière qu’il méritait, tu peux bosser inlassablement, parfois les résultats, ils ne viennent quand même pas: le cyclisme reste un sport ingrat. Ce n’est pas parce que vous avez fait tous les sacrifices que vous allez réussir. Par contre, si vous n’en faites aucun, là au moins vous êtes certain de ne jamais réussir ».

Gaëtan a su se relever des chutes, des galères (comme sa malheureuse expérience chez Verandas Willems 2017), mais il a surtout dû se relever d’un bien plus grand drame, celui du décès d’Antoine Demoitié, son ami. « Avec ce genre d’épreuve, celui qui se laisse bouffer par la vie, il finit en dessous de la table, alors oui, il faut savoir face, aller de l’avant. Bien sûr, c’est une question de personnalité. Des gars comme Hilaire Van der Schueren, qui était directeur sportif chez Wanty, ne m’ont pas laissé le choix, et cela a contribué au fait de ne pas retourner en arrière à chaque fois. Après le décès d’Antoine, même si tu prends cela en plein visage, car personne ne s’attend jamais à ce genre de drame, malgré tout, eh bien, il faut vite revenir à la course, sinon, c’est fichu ».

Et la série noire, à l’époque, était bien difficile à encaisser, avec également les malheurs de Stig Broeckx, même si ce dernier a pu s’en relever. « De toute façon, un cycliste, pour en arriver là, a déjà dû en baver, car ce sport est difficile. Tu dois parvenir à beaucoup de sérénité, car tu sais, tôt ou tard, que tu seras confronté un jour à un drame de ce type, dans ce sport ».

Gaëtan n’éprouve aucune difficulté à transmettre sa passion. Au-delà des conseils sportifs qu’il prodigue déjà auprès des jeunes coureurs. « Ce qui est devenu mon métier aujourd’hui, je le vais avec autant de passion que lors de mes belles années comme coureur. J’ai d’ailleurs opté pour un rythme de vie qui me plait: je me lève très tôt, vers 4h30 du matin, et dès 5h je bosse. Il faut dire aussi que je suis moins fatigué que lorsque j’étais coureur pro. J’ai toujours eu une excellente hygiène de vie et c’est toujours le cas maintenant, je n’ai pas pris un kilo depuis la fin de ma carrière, cela donne une bonne rentabilité à mon corps ». Gaëtan qui pratique encore du vélo avec ses amis, tout spécialement du gravel, parfois du fitness également.

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