Vélo by Léo — Lionel Solheid

Lionel Syne, l’athlète vététiste !

On a tous grandi avec l’ascension du VTT

Des pistes en tartan aux pistes de Mountain-Bike

Aaah ces communions, instant solennel chez les catholiques, mais pourvoyeuses de bonheurs à d’autres égards. Lors de la première, Lionel reçoit un vélo de course… pour la seconde, un BMX… comment déterminer la vie d’un petit garçon rapide comme l’éclair… « Dans les années’80, c’était vraiment la mode du BMX il est vrai, mais pour l’un comme pour l’autre, c’était des vélos de jeu, puisque je pratiquais l’athlétisme, au sein de la section stavelotaine du club de Spa (photo ci-dessous). Et pour jouer, on tourniquait autour de la maison, du quartier, on allait sur des champs de bosses, on faisait des petites courses dans le quartier, avec les gamins du coin ».

Excellent sprinter, dégommeur de tartan, le Stavelotain s’épanouit dans l’athlétisme, sous la férule d’André Friedenbergs. Il faut dire que dans la province et au-delà, il est un des meilleurs de sa génération. Il faut donc attendre un peu pour que l’attrait des pédaliers surpasse celui des spikes. « J’ai 14 ans quand je reçois mon premier VTT -déjà une belle collection de vélos- et à cette époque, on est en plein boom, en plein développement de la discipline en Belgique. Dans notre région, il est synonyme de l’arrivée d’André Quirin. J’avoue que je commençais à fatiguer un peu de faire des tours de piste. Avec le vélo, je comprenais que je pouvais aller plus loin, voire plus de choses, puis à l’adolescence, on est attiré par la nouveauté ».

Et dès l’année 1990, le futur ex-athlète prend part à ses premières compétitions en VTT. « On s’est directement inscrits au club de Spa, que dirigeaient alors Edgard Ledent, Jacques Davenne et d’autres anciens, et rapidement j’ai été aligné sur des courses, mais comme j’avais déjà l’esprit de compétition, grâce à l’athlétisme (au contraire de mon frère Nico), j’étais vraiment partant. Une petite structure « compétition » avait été mise en place pour les jeunes, avec un certain Nato Cato, un des pionniers du VTT en Belgique ».

Et pour Lionel, il s’agit de se montrer humble… « J’étais habitué à pratiquement tout gagner en athlétisme et le choc fut assez rude, d’abord parce que l’entraînement était bien différent et ensuite parce j’étais confronté aux coureurs flamands qui venaient de la route, qui étaient bien plus forts et qui disposaient de structures bien plus organisées qu’en Wallonie: je me suis pris quelques gifles, car je n’étais pas habitué à réaliser des résultats aussi moyens. Idéal somme toute pour se remettre en question ».

Et le Stavelotain découvre d’autres petites structures: « A travers son magasin, à Malmedy, André Quirin avait créé une petite équipe. Et avec des gars plus expérimentés, j’apprends à m’entraîner plus, mieux, même si c’était encore fort amateur…et je me suis amélioré ». Résultat: dès l’année suivante, en tant que junior première année, Lionel améliore ses performances: « A l’époque, c’était le challenge Cup5, où l’on retrouvait pratiquement les mêmes coureurs qu’en coupe de Belgique, j’y faisais régulièrement des podiums, des TOP5. Il me semble avoir aussi obtenu l’un ou l’autre podium en Coupe de Belgique ».

La génération de l’époque ne manquait pas d’allure, « avec des gars comme David Hankart, David Galle, Frédéric Peeters, qui a un magasin à Spa maintenant, on a tous un peu grandi ensemble avec l’ascension du VTT, et surtout pris beaucoup de plaisir, même s’il a fallu admettre que les Flamands avaient une longueur d’avance sur nous, notamment parce qu’eux faisaient des courses sur route, ce qui nous pénalisait pas mal ».

A l’exception de quelques petites courses sur route dans la Ligue du Service Public, le grand Syne se consacre essentiellement au VTT jusqu’à l’âge de 20 ans. « C’est dans ces années-là que je passe au sein de l’UC Hautes-Fagnes, dirigée par Jean Delrez. Il avait créé une section VTT dans ce club sur route, dans laquelle Patrick Gaudy (décédé en 2015, après un accident à vélo) ou David Hankart sont notamment passés, pour la faire grandir. C’est au sein de ce club que le premier déclic de la route se produit, grâce aux interclubs auxquels je participais. Plus que les kermesses, c’était vraiment les longues courses qui me plaisaient ».

Et cela saute aux yeux, le Stavelotain a de réelles aptitudes sur le bitume… « Même si les résultats n’étaient pas encore très probants, car j’avais des années de retard à rattraper ». Lionel mène de front les compétitions avec les activités d’un magasin de vélo à Spa, qu’il n’ouvre toutefois que l’après-midi. ‘Je peux ainsi m’entraîner en matinée et consacrer les week-ends aux compétitions, grâce à l’aide de mes parents, d’un copain ou l’autre qui ouvrait le magasin pour moi ».

Lionel est reconnu comme très bon vététiste à travers le Benelux, avec quelques TOP10 à la clef, mais il reste barré pour accéder aux manches de coupe du monde. En 1996, il intègre le team Grisley, une formation américano-hispanique: « nous n’étions que trois avec Pierre Lamborelle et Laurent Meunier. Pierre avait été pré-sélectionné pour les J.O d’Atlanta, mais lui avaient finalement été préférés Filip Meirhaeghe et Peter Van den Abeele. J’ai énormément appris à leur contact ».

Le contact avec le « Liégeois » Pierre Lamborelle était excellent: « il était originaire de la même région que moi et d’ailleurs maintenant il s’est installé à Lierneux, où se situent ses racines ».

Pourtant, en termes de résultats, cette année’96 n’est pas très glorieuse, et pour cause, le Stavelotain est atteint d’un virus tenace: « on n’a jamais réussi à identifier le problème et dès lors, par manque de résultats, j’ai quitté l’équipe ». Déçu par les affaires de dopage qui accablait le sport cycliste à la fin des années’90, notamment avec la retentissante affaire Festina, Lionel perd alors un peu la flamme… « Il faut dire que le VTT n’était pas épargné par le fléau de l’EPO…et j’avoue qu’à cette époque, je perds un peu l’espoir de pouvoir réellement grimper les échelons. Qui plus est, il y avait peu de moyens pour le VTT en Belgique, à l’exception de Meirhaeghe et Roel Paulissen. Et il faut rester honnête, je n’avais pas toutes les qualités requises pour évoluer à un haut niveau et je n’étais pas prêt à franchir cette frontière fatidique du dopage… »

« Santa Cruz, le berceau du VTT »

Dans ce contexte peu reluisant, démotivant, auquel s’ajoutaient des soucis personnels, Lionel se laisse alors séduire par les sirènes californiennes…pour un aventurier dans l’âme, c’était presque cousu de fil blanc. « A travers mes activités au magasin spadois, je fais la connaissance d’un Américain, Michael Daws, vice-président de la firme Fox, fabricant d’amortisseurs…il vient en Belgique, on se lie rapidement d’amitié. Il m’invite chez lui, en Californie, à Santa Cruz, et j’y pars pour deux semaines, en février 2000, pour préparer la saison, et là, c’est la révélation !!! …il fallait que je parte m’installer là-bas… ».

Et pratiquement du jour au lendemain, le Stavelotain décide de quitter son Ardenne natale pour les States… « Santa Cruz, c’est le berceau du VTT et du skate-board, le paradis pour les cyclistes et les sportifs en général, forcément je tombe très vite amoureux de l’endroit. Vu les moments compliqués que je vivais du point de vue sportif et personnel, j’ai décidé de tout lâcher et partir. Michael m’avait promis que je pourrais travailler partiellement dans son magasin de vélo ».

Durant la première année, il effectue en effet ce programme hybride, entre job et compétition. « Je participe, en VTT, à la Sea Otter Classic, la première course à étapes qui prépare aux manches de coupe du monde; je prends part à la première manche de coupe du monde à Napa Valley, aux championnats américains, bref, une très belle expérience… et parallèlement, en faisant partie d’un club local, je participe à mes premières courses sur route. Des courses californiennes où l’on retrouvait la plupart des formations pros américaines, et où je parviens à me distinguer…nouvelle révélation !!! ».

Dès sa première saison, Lionel remporte huit courses en catégorie Pro1…et l’on découvre surtout Lionel-Syne-le-Sprinter. Six ou sept de ces victoires, il les forge soit dans des sprints de groupe, soit dans des sprints massifs. A l’entre-saison, il reçoit une proposition de l’équipe Webcor (société de construction), formation continentale basée à San Francisco. « Les dirigeants me proposent un contrat pour participer à l’entièreté du championnat américain, j’ai vite accepté, tout en devant effectuer toute une série de procédures administratives pour obtenir un visa de travail, un visa d’athlète ».

Lionel entre donc de plein pied dans le monde « professionnel » du vélo…

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